Le transport de marchandises est une composante essentielle du commerce international. Cependant, le secteur de la logistique fait partie des industries à fortes émissions. Selon les estimations de l'OCDE, si aucune réduction importante n'est réalisée, les émissions de gaz à effet de serre du transport de marchandises mondial doubleront d'ici 2050. Mais ce n'est qu'une des nombreuses raisons pour lesquelles la protection du climat et la durabilité sont des impératifs pour l'ensemble du secteur logistique.
Dans cet article, vous découvrirez pourquoi la décarbonisation est incontournable pour les entreprises de logistique.

Un article de Chamselassil Ayari, ClimatePartner

Raison n°1 : Le transport routier est responsable de 65% des émissions de marchandises

En 2021, les émissions de gaz à effet de serre en Allemagne ont augmenté d'environ 4,5 % par rapport à l'année précédente. C'est la conclusion du rapport annuel du gouvernement fédéral sur la protection climatique 2022. 762 millions de tonnes d'équivalent CO₂ de gaz à effet de serre ont donc été émises en Allemagne en 2021, soit environ 33 millions de tonnes de plus qu'en 2020, l'année où la pandémie Corona a entraîné des restrictions dans le monde entier. Un an plus tôt, en 2019, avant le début de la pandémie Corona, les émissions de gaz à effet de serre étaient de 800 millions de tonnes d'équivalent CO₂.

Si l'on considère le transport de personnes et de marchandises, il devient très vite évident qu'il est urgent d'agir dans ce domaine. Ainsi, ce secteur est responsable de l'émission d'environ 148 millions de tonnes d'équivalents CO₂. Les émissions de gaz à effet de serre libérées dépassaient ainsi d'environ 3 millions de tonnes la quantité maximale de 145 millions de tonnes d'équivalents CO₂ autorisée par la loi fédérale sur la protection du climat pour 2021.

Raison n°2 : La réduction des émissions de gaz à effet de serre est inscrite dans la loi

Si les émissions totales de gaz à effet de serre en Allemagne ont enregistré une baisse de 38,7% depuis 1990, les émissions de CO₂ provenant du transport routier de marchandises ont augmenté de 17% depuis 1995.

Parallèlement, le gouvernement fédéral s'est fixé un objectif de réduction de 65% d'ici 2030 et un autre objectif de réduction d'au moins 88% d'ici 2040 par rapport aux valeurs de 1990. Pour atteindre cet objectif, les émissions de gaz à effet de serre dans le transport de marchandises devraient être réduites d'au moins 6% chaque année. Le transport est, avec l'énergie, l'industrie, l'agriculture et le bâtiment, l'un des secteurs clés pour atteindre les objectifs de réduction. En conséquence, la loi allemande sur la protection du climat comprend des mesures d'économie pour chacun de ces secteurs. Pour les transports, l'objectif de réduction est de 48% d'ici 2030 par rapport aux valeurs de 1990.

Pour atteindre cet objectif, des mesures gouvernementales sont envisagées. Par exemple, la loi allemande sur les obligations de vigilance de la chaîne d'approvisionnement (LkSG), qui oblige les entreprises à respecter les droits de l'homme et les normes environnementales dans leur chaîne de valeur, est en vigueur depuis 2023. La future loi européenne sur la chaîne d'approvisionnement, qui sera soumise au vote du Parlement européen en mai 2023, va beaucoup plus loin.
Cette loi oblige les entreprises de tous les secteurs dans toute l'UE à gérer avec soin les impacts sociaux et environnementaux tout au long de leur chaîne de valeur, y compris les fournisseurs directs et indirects, leurs propres activités commerciales, ainsi que leurs produits et services. En outre, les grandes entreprises de plus de 500 employés sont tenues d'élaborer un plan de lutte contre le changement climatique afin d'aligner leur stratégie d'entreprise sur l'objectif de 1,5°C de l'accord de Paris et de fixer des objectifs de réduction des émissions en conséquence.

Raison n°3 : La pression croissante des consommateurs en matière de durabilité

Parallèlement, la pression des clients et des consommateurs pour une gestion plus respectueuse des ressources et du climat est de plus en plus forte. De plus en plus de clients exigent de leurs prestataires logistiques qu'ils réduisent leurs propres émissions de gaz à effet de serre et mettent en œuvre des stratégies de protection du climat. Ainsi, une récente étude de consommateurs commandée par ClimatePartner en 2022 a montré que 74% des personnes interrogées dans la région DACH considèrent la protection du climat comme importante à très importante. Et comme de plus en plus d'entreprises, toutes industries confondues, veulent tenir leurs promesses de durabilité vis-à-vis des clients et des investisseurs, elles exigent, en plus de la réduction des émissions de scope 1 et de scope 2, que la chaîne d'approvisionnement, dont fait également partie la logistique externalisée, réduise également les émissions de gaz à effet de serre, c'est-à-dire les émissions de scope 3.

Raison n°4 : Risques liés au changement climatique

Les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les fortes pluies, les inondations, les tempêtes ou les vagues de chaleur, ont causé en Allemagne des dommages d'un montant total de 145 milliards d'euros au cours des 22 dernières années. C'est la conclusion d'une étude récente du ministère fédéral de l'Économie et de la Protection du climat (BMWK). Selon cette étude, les dommages causés par le changement climatique en Allemagne entre 2000 et 2021 s'élèvent en moyenne à 6,6 milliards d'euros par an. Rien qu'en 2021, les inondations ont causé des dommages de plus de 40 milliards d'euros, et près d'un tiers des infrastructures de transport, de l'industrie, et des bâtiments ont été endommagés.

De plus, l'été dernier, le transport de marchandises par bateau a subi de fortes restrictions en raison du faible niveau d'eau dans le Rhin et le Danube suite à la chaleur et à la sécheresse persistantes. Les bateaux de marchandises ont ainsi dû réduire considérablement les quantités transportées, le niveau d'eau dans le Rhin atteignant parfois 56 centimètres. Or, les bateaux ont besoin d'environ 1,5 mètre pour pouvoir être chargés au maximum. Il en a résulté des problèmes de livraison, des retards et des coûts de transport souvent élevés.

Raison n°5 : Hausse des prix du carburant et de l'énergie

Les prix des carburants et de l'énergie ont connu une hausse fulgurante, en particulier en 2022, même avant le début de la guerre en Ukraine.  Ainsi, les prix du diesel ont augmenté de plus de 50 % en l'espace de douze mois, tandis que les prix du gaz et de l'électricité ont environ triplé depuis fin février 2020. Pour le transport routier, notamment pour les petites et moyennes entreprises de logistique qui gèrent des parcs de véhicules et des entrepôts, cela représente une charge financière importante. De nombreux transporteurs et logisticiens ne peuvent pas non plus répercuter la hausse des prix sur leurs clients, car les contrats à long terme sont monnaie courante dans ce secteur.

Plus encore, selon les estimations de Transport Intelligence (TI), un service d'analyse de données britannique, basées sur les dernières prévisions de l'OPEP en matière d'évolution des prix, les transporteurs et les compagnies maritimes du monde entier doivent se préparer à une hausse des prix du carburant en 2023. La cause de cette hausse est la demande de pétrole en provenance de Chine, qui est repartie à la hausse après la fin des mesures COVID-19.

 
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Faites le prochain pas dans la lutte contre le changement climatique.

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