Que sont réellement les projets de protection climatique ?

Que sont réellement les projets de protection climatique ?

10 Février 2020

Que sont réellement les projets de protection climatique et quel rôle joue ClimatePartner ?

Un classement

Ces dernières années, une tendance de plus en plus évidente émerge : les entreprises souhaitent s’engager pour la protection du climat. Un nombre toujours plus important d’entreprises et de secteurs relève avec sérieux le défi de s’engager dans une activité économique respectueuse du climat. Les produits et les services climatiquement neutres s’établissent progressivement sur le marché. Dans l’ensemble, cette tendance est positive et en accord avec nos objectifs de protection du climat. 

Cependant, des préjugés tenaces contre la protection volontaire du climat persistent. Le processus de neutralité climatique – c'est-à-dire la compensation des émissions de CO2 incompressibles par le biais de projets de protection climatique – se retrouve souvent cloué au pilori. La neutralité climatique s’est vue qualifiée de « rançon », payée afin de déroger à ses obligations – un commerce d’indulgences moderne. Pour certains elle relève du greenwashing, stratégie marketing menée par les entreprises pour améliorer leur image à moindre coût. 

Cette perspective ne repose généralement sur aucune critique fondée du fonctionnement des projets de protection climatique. Au contraire, elle se base bien plus fréquemment sur l’ignorance du mécanisme de neutralité climatique ainsi que sa contribution à la réalisation de nos objectifs climatiques. Nous voudrions donc profiter de cette occasion pour faire la lumière sur le procédé de neutralité climatique et les projets utilisés pour l'atteindre. Que signifie « climatiquement neutre » et comment obtenir cette appellation ? Quelle est la différence avec les échanges de droit d’émissions ? Comment des projets de protection climatique peuvent-ils contribuer au développement à l’échelle locale ? Et enfin ; quelle est le rôle de ClimatePartner au cours de cette démarche ?

La réduction locale des émissions de CO2 n’est-elle pas la seule qui soit efficace ? 

Afin de remplir nos objectifs climatiques, il est crucial de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de manière drastique à l’échelle de la planète. Les Accords de Paris ont établi des objectifs ambitieux : limiter le réchauffement climatique à un maximum de 2°C (1,5°C idéalement) et disposer d’une économie climatiquement neutre dans son intégralité d’ici 2050. 

Afin d’atteindre cet objectif, les États ayant ratifié les Accords de Paris sont tenus de présenter régulièrement des stratégies nationales de réduction des émissions. Voici le réel problème : nous ne disposons pas aujourd’hui des technologies nécessaires pour une telle réduction de nos émissions. Ainsi, selon les plans actuels, le réchauffement mondial devrait atteindre un niveau bien supérieur à 4°C – entrainant des conséquences désastreuses quant aux conditions de vie sur Terre. De plus, même dotés de ces technologies, les 33 années qu’il nous reste suffiraient difficilement à remplacer toutes les usines de combustibles par des alternatives n’émettant pas de CO2. Enfin, certaines techniques – notamment dans le secteur des produits chimiques – ne pourront plus être employées sans émettre de gaz à effet de serre. 

Cela signifie qu’une simple réduction de nos émissions, aussi complète soit-elle, reste insuffisante. En effet, la mise en place de projets – dits de compensation carbone – est nécessaire pour une réduction suffisante des gaz à effet de serre. Cela peut passer par des projets de reforestation ou de protection des forêts, où la création et la préservation de zones forestières contribue à réduire la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Il peut aussi s’agir de projets qui réduisent notre dépendance aux énergies fossiles de manière concrète et quantifiable – comme promouvoir la transition vers la biomasse. De nombreux projets de protection climatique à travers le monde sont des tremplins pour de nouvelles innovations et permettent une diffusion plus rapide des technologies de réduction du CO2. À propos : le lieu où est économisée une tonne de CO2 n’a pas d’incidence sur le réchauffement climatique au niveau planétaire. Les bénéfices pour le climat restent les mêmes. 

Ne pas confondre neutralité climatique et zéro-émissions

Revoyons ensemble les termes de zéro-émissions et neutralité climatique, souvent confondus dans le discours public. Ils désignent deux aspects différents de la protection du climat. Lorsqu’un service ou produit est dit zéro-émissions, cela signifie qu’aucune émission de CO2 n’a été induite lors de sa production et sa livraison – cela comprend la chaine de production, les matières premières, la logistique, et l’emballage. D’autre part, le terme de neutralité climatique implique que les émissions de CO2 d’un service ou d’un produit ont été calculées, à l’aide de standard communs, puis compensées dans un second temps par le biais d’un projet de protection climatique certifié. Les produits dits zéro-émissions n’existent pratiquement pas. Au contraire, selon cette définition, la quasi-totalité des produits peuvent devenir climatiquement neutres. 

Toutefois, un produit climatiquement neutre n’est crédible que lorsqu’une réelle stratégie d’évitement et de réduction des émissions de CO2 a lieu avant la compensation. Par exemple, pour un produit de la marque Trodat, le timbre Printy, les émissions de CO2 ont été réduites de moitié par rapport à la situation initiale [regarder la vidéo]. 

Cependant, dans la majorité des cas, le potentiel de réduction de CO2 reste limité, au moins sur le court terme. Par exemple, une entreprise de logistique ne peut pas remplacer entièrement sa flotte de véhicules de livraison en une nuit. En revanche elle peut optimiser ses émissions de CO2 en tonne/kilomètre, étape par étape, grâce à la formation des conducteurs et à l'optimisation de l'utilisation de ses capacités. Il est tout de même possible pour cette entreprise de commencer dès aujourd’hui à compenser ses émissions et de devenir climatiquement neutre. 

Enfin, une neutralité climatique crédible passe par des preuves crédibles pour les consommateurs. La neutralité climatique doit être certifiée par un label reconnu. C’est pourquoi ClimatePartner a développé son propre label et système de preuve il y a des années, que les entreprises peuvent employer afin de communiquer leur neutralité climatique. Chaque démarche de compensation possède un numéro d’identification avec lequel on accède au microsite du projet de protection climatique soutenu. Cela garantie que les émissions de CO2 correspondantes ont bien été compensées par ClimatePartner.

Les projets de compensation carbone facilitent la neutralité climatique 

Sélectionner un projet adapté à l’entreprise et à sa vision est un aspect central du processus. Ainsi, il est crucial de comprendre le sens de ce terme, car toutes les mesures de protection de l’environnement ne sont pas simultanément des projets de protection climatique comme défini dans le protocole de Kyoto. Au contraire, le terme « projet de protection climatique » ne désigne qu’un éventail limité de projets, devant répondre à des critères précis. 

Afin d’attester de leur conformité aux critères, les projets sont audités et certifiés selon des conditions strictes, tels que le « Gold Standard » et le « Verified Carbon Standard » (VCS). Cela garantit l'effet de conservation du climat d'un projet et le réaffirme régulièrement. L’une des conditions les plus importantes est l’additionnalité : le projet doit mettre en place des mesures de protection du climat additionnelles par rapport à une situation de référence. De plus, la réduction d’émissions doit être clairement mesurable. 

Les forêts domestiques illustrent bien ce mécanisme. L’Allemagne compte près de 11.4 millions d’hectares de forêt – environ un tiers de la superficie du pays. Ces forêts contribuent naturellement à la préservation du climat de façon continue, cependant cette préservation n’est pas additionnelle car ces forêts existent depuis des centaines d’années (et qui plus est ont été largement réduites durant les dernières décennies). Seul un projet de reforestation additionnel remplit les conditions pour obtenir l’appellation « projet de protection climatique » – et seulement si certains critères sont remplis au préalable. Dans certaines circonstances, la conservation des zones forestières peut répondre aux critères d'un projet de protection climatique, par exemple lorsque les zones forestières sont fortement menacées par l'exploitation illégale du bois.

Outre l'additionnalité, les normes régissent également le financement des projets de compensation carbone, très différent du fonctionnement de donation classique. Généralement, le financement de ces projets se fait rétrospectivement.  Cela signifie que les fonds sont dirigés vers des projets déjà implémentés, finançant des économies de CO2 déjà réalisées. Afin d’être reconnu comme un projet de protection climatique, celui-ci doit nécessairement reposer sur des revenus supplémentaires, issus de la vente du volume de CO2 économisé. Autrement, le projet aurait pu voir le jour sans la compensation et le critère d’additionnalité mentionné plus haut ne serait pas rempli. Tant que le volume de CO2 d'un projet n'a pas été entièrement vendu, des instituts financiers ou des investisseurs se chargent du financement provisoire du projet.

Ainsi, chaque tonne de CO2 compensée par une entreprise via un projet de protection climatique certifié a en réalité déjà été réduite. C’est la seule manière de s’assurer que l’argent ne va pas à des projets qui ne verront jamais le jour en raison d’un volume insuffisant. Les entreprises sont donc certaines de contribuer directement à la protection du climat car aucun des nombreux projets de protection climatique des dernières années n’auraient existé sans l’achat par des entreprises ou des particuliers de tonnes de CO2 économisées.

Les projets de protection climatique encouragent l’innovation et le développement 

Tous les projets de protection climatique ont de nombreux effets positifs sur le développement local. Ce n'est pas sans raison que le protocole de Kyoto utilise également le terme de « mécanisme de développement propre » (MDP).

Les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies (SDGs) constituent une référence mondialement reconnue pour mesurer ces effets positifs. Ces 17 objectifs regroupent des thèmes comme la pauvreté et la faim, l’éducation, et la diffusion d’énergies propres et abordables. Chacun des projets de protection climatique contribue à plusieurs de ces objectifs. Pour mettre cela en lumière, ClimatePartner identifie la contribution individuelle de chaque projet aux différents Objectifs de Développement Durable. Les entreprises peuvent alors décider, avec ces informations, quels objectifs elles veulent soutenir en plus de la protection climatique. Pour certains projets, cette contribution additionnelle est si importante qu’ils sont par définition des projets de développement avec un effet supplémentaire de protection du climat – et non l’inverse. 

ClimatePartner collabore étroitement avec les développeurs des projets pour mettre en place des projets de compensation carbone et assurer leur pérennité. Par exemple, l’un de nos projets soutient l’implémentation de fourneaux propres fonctionnant au biogaz en Inde et remplaçant les fourneaux au charbon traditionnels. Cela réduit les émissions de CO2 et parallèlement améliore de manière significative la santé des gens qui seraient autrement exposés à la fumée et à la suie pendant plusieurs heures chaque jour. 

Nous allons même plus loin avec les nouveaux Fairtrade Carbon Credits, disponibles pour certaines entreprises de la Fairtrade Association. Ici, les partenaires du projet sur place reçoivent une prime supplémentaire permettant aux petits agriculteurs de s'adapter au changement climatique – avec des mesures telles que la diversification des cultures agricoles et la transition vers des espèces plus résistantes aux fluctuations climatiques. Cela garantit les impacts positifs des projets sur le long terme. 

La majorité des projets de protection climatique se situent dans des pays émergents ou en voie de développement et non en Allemagne ou dans d’autres pays développés. Cependant, une majeure partie des gens en charge de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (CSR), ont une préférence pour les projets locaux car ils espèrent ainsi obtenir une meilleure visibilité et une relation plus directe à leur propre secteur. Ceci est compréhensible, fondamentalement parlant. Toutefois, la régionalité ne devrait pas être le premier critère, surtout en termes de protection climatique, car le réchauffement climatique est un problème mondial qui ne peut être résolu qu’avec des solutions globales. De plus, le mécanisme de développement propre est évidemment conçu pour aider les régions où il n’y a pas ou peu de mesures pour le climat – et où les effets du changement climatique sont les plus visibles. Afin d’allier ces deux approches – régionale et protection climatique mondiale – ClimatePartner propose également aux entreprises de combiner des projets régionaux et internationaux pour la compensation. 

Faire de la protection du climat un service

Le terme de neutralité climatique incarne un processus qui démarre avec l’initiation, la programmation, la certification et la préparation de projets appropriés, et se termine avec un arrêt d’émissions de CO2 et la création de certificats transparents pour les parties externes. On voit ici que la neutralité climatique englobe bien plus que la simple compensation carbone des émissions de CO2. C’est un service complexe que les entreprises peuvent choisir d’opérer elles-mêmes ou bien d’externaliser. 

Néanmoins, tout réaliser en interne est rarement la bonne solution, même pour les grandes entreprises. Entreprendre des projets de protection climatique engendre des coûts de démarrage élevés et un processus de certification fastidieux. Cela n'a de sens qu'à partir d'un certain volume. Même dans de bonnes conditions, il faut compter plusieurs années avant que la certification d'un projet ne soit achevée et que le projet puisse être utilisé pour compenser ses propres émissions de carbone.

Dans la quasi-totalité des cas, la meilleure solution reste de faire appel à un prestataire externe pour ce genre de service. C'est dans ce domaine que ClimatePartner se spécialise : nous avons passé des années à établir des relations étroites avec des développeurs de projets dans le monde entier, et nous avons participé à la phase de planification de nombreux projets dès leur commencement.  Notre portfolio de projets de protection climatique reflète cette diversité : grâce à notre large éventail de régions, technologies et normes de projet, nous avons une solution de compensation carbone prête pour de nombreuses entreprises. Si ça n’est pas le cas, nous pouvons fournir ou développer un projet personnalisé pour une entreprise, en nous basant sur ses propres critères. Nos clients n’ont pas à se soucier de la validation des certificats ou de la communication de la neutralité climatique, cela fait partie du service que nous leur fournissons. 

Une analyse de Dr. Christian Reisinger